RHAPSODIES HYDRODYNAMIQUES

Yann Bagot- Sylvain Le Corre

La dynamique aléatoire que le mouvement de l’eau dicte aux éléments tels que les minéraux ou les algues, ses ondulations, ses accélérations, ses ralentissements, sa liberté, sont le moteur qui anime les œuvres de Rhapsodies hydrodynamiques. L'eau et ses déplacements, tantôt motifs, tantôt moyens, sont au cœur des œuvres que Yann Bagot et Sylvain Le Corre ont choisi de présenter dans cette exposition.

Pour Rhapsodies hydrodynamiques, Sylvain Le Corre a préparé un herbier marin. Laminaires, Fucus, Plocamium… sont autant d'espèces d'algues marines que l'artiste a choisi de représenter. Flottant sur un fond immaculé, il les présente telles que les flots les font vivre. Tour à tour ondulant au rythme du courant sur les fonds marins, dansant à la surface des eaux ou abandonnées sur l'estran par la marée, ces algues représentent merveilleusement le mouvement de l'eau sur les corps. Réalisées à l'aquarelle, mélange de pigments et d'eau, ces œuvres presque naturalistes, tout en transparence et en contraste, montrent avec poésie la fragilité de ces plantes sous-marines en mouvement perpétuel au gré des ondes. À ces dessins profondément organiques, Sylvain Le Corre ajoute parfois de subtiles écritures, formules chimiques brutes ou moléculaires, reflétant les composants de ces algues dans une forme de transcendance, de dépassement de la matière.

Le dépassement de la matière est également une composante intrinsèque du travail de Yann Bagot. L'eau sous toutes ses formes y est en particulier très présente.

Pour Rhapsodies hydrodynamiques, Yann Bagot propose pour sa part des œuvres inédites issues de trois séries différentes réalisées à base de lavis d'encre de Chine, mélange d'encre et d'eau, et de sel, saupoudré à même le papier. Mer, novembre, Chaos et Promontoires ont ainsi été exécutées soit à l'atelier, soit directement au contact des éléments lors de séjours en Bretagne.

Les dessins issus de Mer, novembre expriment toute la puissance et la violence des flots. Le mouvement de l'eau et son tempo sont au centre de ces œuvres. Le sel y ajoute une dimension marine supplémentaire, recréant l'eau salée d'une part et générant à la surface du papier une matière unique, apportant une profondeur rare d’autre part.

C'est également le sel qui donne leur personnalité singulière aux Chaos et aux Promontoires de l'artiste. Ces amas de roches et de pierres sculptés par la pluie et le vent, tout en nuances de gris et de noir, semblent littéralement surgir du fond blanc par leur volume et leur texture. Ce grain unique en son genre est permis par le sel qui crée des mouvements de liquide à la surface du papier, reproduisant à s'y méprendre les contrastes des anfractuosités de la roche. 

Les démarches que Yann et Sylvain mettent en œuvre, radicalement différentes, profondément personnelles, se rejoignent néanmoins autour des marées, du courant, du ruissellement et de la dilution, pour former les deux facettes de Rhapsodies hydrodynamiques.